Les recherches entamées pour remplacer la betterave à sucre depuis la fin de la sucrerie de Bourdon, dans le Puy-de-Dôme en France, ont obligé les agriculteurs de la plaine de la Limagne à explorer plusieurs pistes. Dès lors, de multiples essais sont en cours, dont la culture du sorgho, une céréale venue d’Afrique et qui pourrait être mieux adaptée au réchauffement climatique.
Habituellement dans le Puy-de-Dôme, sur la plaine de la Limagne, on croise plutôt du maïs, du blé ou du tournesol, mais dans son champ, Mathieu Daim, agriculteur, a voulu faire une expérience. Il a planté du sorgho, une céréale venue d’Afrique. L’agriculteur a testé 13 variétés différentes sur un hectare et demie pour voir ce que cela pourrait donner : « Le sorgho peut à la fois être valorisé pour l’élevage, en ensilage ou plus en grain. C’est aussi une culture qui permet de réutiliser le matériel qu’on a déjà sur les exploitations. J’ai réutilisé mon semoir à betterave pour le semer et il peut être récolté avec une moissonneuse-batteuse classique », explique Mathieu Daim, installé à Thuret.
Une culture moins gourmande en eau
Cette culture fait partie des essais menés par les Jeunes Agriculteurs du Puy-de-Dôme pour trouver un remplaçant à la betterave à sucre, abandonnée depuis la fermeture de la sucrerie de Bourdon. Le sorgho n’est pas la seule option étudiée, mais cette céréale paraît bien adaptée au changement climatique : « Le sorgho est une plante du sud qui a une meilleure résistance au stress hydrique que d’autres cultures comme le maïs, et qui a besoin d’irrigation sur une période très courte au moment de la floraison. Le sorgho fleurit plus tardivement dans l’année donc on peut éviter ces périodes de grosses chaleurs et de stress hydrique », affirme Orane Debrune, animatrice et conseillère « grandes cultures » à la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme.
Le sorgho, une solution pour l’alimentation du bétail
Mais il ne sert à rien de semer du sorgho s’il n’y a pas de débouchés. Les Jeunes Agriculteurs ont donc convié dans ce champ de potentiels acheteurs, des transformateurs et des éleveurs pour découvrir la plante et sonder son potentiel. « Ce n’est pas une plante miracle, certainement, mais c’est un bon complément, ça diversifie les apports. C’est bien pour les animaux de ne pas avoir toujours la même base d’alimentation », constate Quentin Jaffuel, éleveur à Manglieu venu se renseigner sur le sorgho. Baptiste Arnaud, vice-président de la chambre d’agriculture, ajoute : « Ce que recherchent les gens, c’est valoriser les surfaces de culture et les acheteurs cherchent à trouver un produit qui peut correspondre aux besoins de leurs animaux. Le sorgho ne remplacera pas la pulpe de betterave parce qu’il n’a pas du tout les mêmes valeurs mais peut être une solution sur certains élevages. » La question du prix sera déterminante. Pour que le sorgho puisse s’imposer, il faudra qu’il rémunère correctement ceux qui le cultivent.
Moctar FICOU / VivAfrik