Les ONG œuvrent pour la stagnation de l’agriculture africaine

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Par Peter Wamboga-Mugirya

Selon une blague en vogue l’acronyme anglais des organisations non gouvernementales (NGO) signifie « nothing going on » (rien ne passe).

Mon expérience au cours des 15 dernières années d’étude, d’interaction avec des ONG et de confrontation à leurs activités dans mon pays, l’Ouganda, a prouvé que la blague tombe pile poil, sauf pour celles qui se battent ou plaident réellement pour la protection des Droits de l’Homme et de l’Enfant. Les ONG qui ont émergé pour lutter contre la transformation de l’agriculture sont vraiment engagées dans la vilaine mission de faire stagner le développement agricole en Afrique, et dans les pays en développement en général.

Pourquoi ? Un examen attentif de ces ONG et de leurs activités anti-OGM a prouvé qu’elles étaient résolues à s’opposer de manière égoïste à la mise en œuvre des techniques scientifiques avancées et des meilleures méthodes d’amélioration des plantes – en particulier la biotechnologie moderne ou le génie génétique visant à introduire dans nos pays des variétés résistantes à la sécheresse, aux maladies et aux ravageurs, ou encore biofortifiées. Elles fondent leur opposition à la technologie, aux plantes et aliments génétiquement modifiés ou génétiquement édités sur des allégations infondées selon lesquelles ils seraient contre-nature, impies et inorganiques. Pourtant, ce sont nos sélectionneurs expérimentés et hautement qualifiés qui réclament et appliquent cette technologie comme un outil là où la sélection conventionnelle a échoué au cours de décennies de tentatives pour résoudre les problèmes.

Si je puis me permettre, les défis dont font état les sélectionneurs sont-ils réels ou imaginaires ? S’ils sont réels, doivent-ils être relevés ? Si oui, qui devrait les relever, les scientifiques ou les activistes des ONG ? Et lorsque ces défis sont relevés via le génie génétique, honnêtement, le produit devient-il synthétique, non naturel ou inorganique ? Le processus de génie génétique est conduit par un scientifique (un être naturel) et les gènes utilisés ou introduits dans une plante sont extraits naturellement des cellules, de l’ADN d’une source naturelle, vivante [d’une plante]. Alors, pourquoi le produit final [la plante génétiquement modifiée ou éditée] devrait-il être considéré comme non naturel, inorganique ou impie ? Les OGM/GE ne sont-ils pas simplement une autre manière déployée par des humains pour surmonter des maladies, des ravageurs ou des effets néfastes du climat tels que les inondations, le gel et la sécheresse ?

L’activisme des ONG contre l’application de la biotechnologie à l’agriculture et l’environnement est mal placé, mal conçu, mal dirigé ; c’est une perte de temps et une injustice. La motivation sous-jacente des activistes des ONG qui militent contre la protection des cultures, contre la destruction et les ravages causés par les ravageurs, les maladies et la sécheresse est de protéger leurs sources de financement. Les ONG des secteurs de l’agriculture et de l’environnement souhaitent que des calamités telles que la famine et la disette se produisent afin de les utiliser pour collecter des fonds en permanence. Ils présentent des rapports effrayants faisant état de pertes de récoltes et de pénuries alimentaires, notamment des images d’enfants et de mères affamés suscitant des émotions qui dominent en Occident, où des personnes riches et bienveillantes recueillent des fonds pour les coffres des ONG. Ainsi, lorsque le génie génétique permet aux scientifiques de protéger les cultures contre les parasites, les maladies et la sécheresse, les activistes « nient » les calamités présentées aux philanthropes pour des dons, de l’aide alimentaire, des médicaments, du matériel et d’autres fournitures.

C’est pourquoi, aujourd’hui, ce militantisme est plus prononcé en Afrique [le monde le moins développé] que partout ailleurs. Il existe un vaste plan visant à faire stagner l’agriculture, principalement en Afrique subsaharienne, afin qu’elle ne se transforme pas et ne s’améliore pas au-delà de la paysannerie et d’un agro-développement limité à la subsistance. Mais lorsque les activistes des ONG découragent le développement de cultures résilientes à la sécheresse et capables de repousser ou tuer naturellement des parasites tels que les foreurs des tiges du maïs et le ver de la capsule du cotonnier – deux espèces, l’une vitale et l’autre de rente, largement cultivées à grande échelle – la question est : quelle alternative fonctionnelle présentent-ils ? Aucune !

Parce que les ONG ne proposent aucune alternative, la science doit avancer de manière proactive, ferme et résolue. Par exemple, le maïs et le cotonnier Bt génétiquement modifiés permettent aux agriculteurs de réduire les pulvérisations de pesticides de près de 40 %. En Ouganda, les deux technologies ont été développées avec succès par l’Organisation Nationale de Recherche Agricole (NARO), dans le cadre du projet « maïs économe en eau pour l’Afrique » (WEMA) et des projets cotonniers en cours depuis 2008/2010. Le maïs WEMA tolérant à la sécheresse a également été introduit avec des gènes conférant une résistance à des ravageurs et s’appelle désormais TELA. Nous avons donc maintenant du maïs GM/GE à double capacité, résistant aux foreurs des tiges et protégeant la récolte des saisons chaudes et de la sécheresse que l’Ouganda subit chaque année et a subies avant même l’apparition du réchauffement planétaire. Pourquoi les ONG se battent-elles bec et ongles pour que ces technologies ne parviennent pas aux agriculteurs ?

Mon expérience de journaliste et spécialiste de la communication, de défenseur des sciences et des petits agriculteurs montre que, chaque fois que les scientifiques parlent d’introduire des semences de maïs tolérantes à la sécheresse (TS), les militants agitent la carte de l’irrigation comme une meilleure option. « Non, prévoyons l’irrigation pour nos agriculteurs. C’est mieux, largement disponible et plus sûr ! » Lorsque les scientifiques se taisent au sujet des semences GM/GE [TS], les ONG tiennent également leur discours sur l’irrigation. Il n’y a aucune ONG, ni aucun activiste, qui n’ait fait de l’irrigation un point de programme très important en Ouganda au fil des années. Cet argument n’est utilisé que pour désorganiser et bloquer les appels en faveur des semences TS en agriculture. De manière honnête et franche, même des experts médicaux et des organisations telles que l’OMS, la FAO, la FDA des États-Unis et l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments ont tous déclaré que les aliments génétiquement modifiés étaient aussi sûrs que leurs homologues non génétiquement modifiés.

Alors pourquoi les activistes des ONG continuent-ils à résister aux semences TS ? Est-ce dû à des problèmes de sécurité ? Non, c’est l’économie. Lorsque les semences GM/GE sont en mesure d’atteindre les agriculteurs rapidement et efficacement, les ONG locales qui sollicitent également la distribution de semences ou de nourriture au nom du PAM, de la Croix-Rouge ou d’autres grandes ONG internationales, perdent de l’argent. En l’absence de mauvaises récoltes causées par des parasites, des maladies ou une sécheresse, absence due à la résilience des technologies de culture GM/GE, les ONG sont privées d’achats d’aide alimentaire, d’accords de transport et de distribution. Étant donné que, dans la plupart des cas, les semences de variétés conventionnelles sont achetées sur les marchés régionaux, les ONG craignent d’être écartées de ce type d’activité par les semences génétiquement modifiées de qualité supérieure (notamment le maïs et le soja) distribuées gratuitement par de grands producteurs de plantes génétiquement modifiées comme les États-Unis, le Canada et le Brésil. Les ONG et les négociants en semences non GM/GE craignent cette nouvelle concurrence. Alors ils deviennent méchants !

En ce qui concerne les exportations de produits alimentaires, certaines ONG ou leurs associés tels que le National Organic Movement of Uganda (NOGAMU – Mouvement National Bio Ougandais) ont conquis des marchés de niche, en particulier en Europe, où sont basés leurs bailleurs de fonds pour le militantisme anti-OGM, lesquels tondent la laine sur le dos des consommateurs avec ce qu’ils étiquettent astucieusement « bio ». Cette stratégie de marketing roublarde et trompeuse a aidé les ONG et le secteur des produits biologiques à mettre des aliments inutilement coûteux sur les marchés mondiaux, en tirant des bénéfices de consommateurs peu méfiants. En Ouganda et dans de nombreux autres pays, ces produits ne sont pas réglementés de manière aussi rigoureuse que les aliments génétiquement modifiés/édités et proviennent souvent de productions conventionnelles. On les fait passer pour des produits biologiques, en laissant entendre qu’ils sont plus propres, meilleurs et plus nutritifs. Ils sont vantés comme plus dignes d’intérêt car personne ne les a qualifiés, de manière malveillante, de nocifs, comme cela a été fait pour les aliments génétiquement modifiés.

À vrai dire : biologique et OGM ne sont pas des contraires. En Afrique, un agriculteur peut produire des OGM/GE de manière biologique. Comment ? Quand les scientifiques fournissent aux agriculteurs des semences ou plants GM/GE biologiques/naturels, et que les agriculteurs les mettent en culture avec des engrais non industriels/non synthétiques et sans traitements avec des pesticides de synthèse, pourquoi ces cultures devraient-elles devenir « inorganiques/non naturelles » quand elles sont récoltées. Ce sont des mensonges absolus répandus par les activistes et ceux qui vendent des produits « biologiques » coûteux. Le bio est au sens strict une méthode de culture, tandis que le génie génétique est au sens strict un processus/méthode/outil d’amélioration des plantes. En Amérique du Nord et en Europe, les ONG en cheville avec des négociants du secteur extrêmement lucratif des produits biologiques ont réussi à amalgamer les deux. Les autorités de réglementation et les scientifiques ont succombé à la catégorisation des plantes produites par génie génétique comme étant « inorganiques ou non biologiques ».

Enfin, il est déconcertant que, dans le domaine de la recherche médicale, nous ne voyions jamais les activistes lever un doigt contre l’introduction de meilleurs vaccins ou médicaments lorsque ce qui a été utilisé traditionnellement ne résout pas un problème de maladie ou d’épidémie particulier. Nous ne voyons pas non plus ces activistes qui-savent-tout et qui sont les plus-grands-défenseurs-de-la Nation critiquer les ingénieurs, les informaticiens ou les architectes à cause des nouvelles technologies qu’ils innovent, développent ou introduisent dans notre environnement. Leurs cibles sont toujours dans l’agriculture et l’environnement !

Au début des années 2000, certaines ONG ont vigoureusement mené campagne contre l’introduction d’un programme national de pulvérisation de DDT contre les moustiques afin d’enrayer le nombre très élevé de décès dus au paludisme en Ouganda – l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde. Une étude publiée l’année dernière par l’American Journal of Tropical Medicine & Hygiene a montré que le paludisme est toujours la principale cause de décès en Ouganda. Environ 70.000 à 100.000 Ougandais en meurent chaque année, selon The New Vision, une entreprise publique.

J’ai récemment demandé à des amis pourquoi les militants avaient résisté aux pulvérisations de DDT contre les moustiques, lesquels ne servent à rien. Une personne au courant des arguments des environnementalistes m’a dit que si les moustiques étaient tués, d’autres créatures telles que les grenouilles, les insectes prédateurs et les lézards manqueraient de nourriture. J’ai ri et j’ai demandé : les moustiques sont-ils le seul aliment sur lequel ces reptiles peuvent compter ? La réponse est venue haute et claire : NON ! Alors pour quelle raison les protéger ? Et quel est le lien entre les moustiques, le DDT et le paludisme, d’une part, et l’agriculture et les agriculteurs, d’autre part ? Parce qu’au centre de ces 70.000 à 100.000 Ougandais qui meurent chaque année du paludisme, il y a des agriculteurs, dont les enfants et les femmes enceintes sont les principales victimes. Les chiffres du paludisme en Ouganda sont alarmants. En 2017, les statistiques du Ministère de la Santé montraient que la maladie faisait encore 200 victimes par jour – suffisamment pour remplir 14 taxis collectifs pouvant accueillir 14 passagers chacun. Entre 20 et 23 % des décès dus au paludisme sont des enfants de moins de cinq ans. Ce sont environ 40 enfants de cette cohorte qui meurent chaque jour, selon The Independent Magazine. Ces décès surviennent principalement dans des villages où la majorité des habitants des zones rurales sont des agriculteurs.

Le paludisme non seulement tue, mais affaiblit ses victimes infectées, les rendant incapables d’exercer leurs activités agricoles à forte intensité énergétique. C’est pourquoi, à mon humble avis, c’est pour le moins satanique que l’on puisse combattre les efforts visant à contrôler ou à éliminer le paludisme. Bien sûr, il s’agit d’une forme de résistance à la technologie, de son refus ou d’un blocage via la tromperie – une activité dans laquelle les ONG excellent. Le DDT est une innovation scientifique et technologique, comme la biotechnologie, et les ONG prétendent faussement qu’il est cancérigène et contamine les cultures biologiques – les mêmes allégations qu’elles font à l’égard des aliments génétiquement modifiés.

La révolution GM/GE offre une opportunité de contrôler les foreurs des tiges du maïs, les vers de la capsule du cotonnier, les légionnaires d’automne et même les charançons et les nématodes du sol, pour ne citer que quelques insectes. Comme les moustiques, ils doivent être éradiqués ou ils éradiquent l’homme en décimant nos sources de nourriture et d’énergie (cultures), ce qui mène à une pénurie et à la famine comme effets ultimes.

C’est mon humble analyse des ONG et des activistes anti-technologies à la hausse sur le continent. Seul le temps me dira si j’ai raison ou tort. Afrique, s’il te plaît, réveille-toi avant qu’il ne soit trop tard !

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Source : https://www.modernghana.com/news/886051/ngos-are-causing-africas-agriculture-to-stagnate.html

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