En 2030, l’homme devra avoir cessé de dégrader les sols. C’est la conclusion du cadre scientifique et technique pour la restauration des terres surexploitées adoptée par les 195 États membres de la Convention de lutte contre la désertification à New Delh, la capitale indienne, lors de la COP 14 dédiée à la lutte contre la désertification et l’érosion des sols et qui s’est achevée le 13 septembre 2019. Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en août dernier estime qu’environ 500 millions de personnes vivent dans des zones touchées par la désertification.
De l’avis du président de la COP 14, Prakash Javadekar par ailleurs ministre indien de l’Environnement et du secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), Ibrahim Thiaw, « la communauté mondiale reconnaît depuis longtemps que la dégradation des terres et la désertification sont un problème économique, social et environnemental majeur qui préoccupe de nombreux pays dans toutes les régions du monde ».
Rappelons que les pratiques agricoles intensives appauvrissent les sols, détruisent leur cohérence, les rendent sensibles à l’érosion éolienne et hydrique tandis que la hausse des températures provoquée par les teneurs croissantes en gaz à effet de serre favorise l’avancée des déserts.
3 hectares de terres immergées sur 4 ont été altérés par l’action humaine et la productivité d’un hectare sur quatre est en train de décliner. 3,2 milliards d’humains sont menacés par cette perte de fertilité, principalement dans les zones semi-arides des pays en voie de développement. 500 millions d’Africains, 400 millions d’Indiens et de Pakistanais, 400 millions de Chinois voient ainsi leurs sources d’aliments s’épuiser. Tel est le constat alarmant issu de la COP 14. Cette situation oblige la Convention sur la désertification d’assigner un objectif à tous les États de la planète : l’arrêt de la dégradation des sols dès 2030.
Selon le rapport du GIEC précise en outre que « les zones arides et celles touchées par la désertification sont également plus vulnérables au changement climatique et aux phénomènes extrêmes, telles que les sécheresses, les vagues de chaleur et les tempêtes de poussière, sans compter que la croissance de la population mondiale exerce une pression supplémentaire».
Pour sa part, le coprésident du Groupe de travail III du GIEC, Jim Skea a indiqué que « les terres émergées jouent un rôle important dans le système climatique». Concluant que « l’agriculture, la foresterie et d’autres types d’utilisation des terres représentent 23% de nos émissions de gaz à effet de serre. Parallèlement, les processus terrestres naturels absorbent une quantité de dioxyde de carbone équivalant presque au tiers des émissions dues aux combustibles fossiles et à l’industrie ».
Moctar FICOU / VivAfrik