Le Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est réuni, à l’initiative de la Suède, pour débattre du réchauffement climatique, s’interroge sur la pertinence de s’emparer du sujet. Si la Chine et la Russie sont plutôt sceptiques, l’Europe est optimiste. Car la perte de ressources naturelles en raison de sécheresse et d’événements climatiques extrêmes est un facteur aggravant pour les conflits et serait favorable au recrutement des groupes terroristes.
Le « sujet sensible » du lien entre réchauffement climatique et conflits a fait l’objet d’un vaste débat mercredi 11 juillet 2018 au sein de la plus haute instance de l’Organisation de Nations unies (Onu). En soi, son organisation est déjà un « succès », estime la Suède qui a initié cette réunion. Même si aucune déclaration consensuelle ni mesures concrètes n’étaient prévues.
Un sujet abstrait pour la Russie
« L’Onu doit respecter le principe de répartition des tâches », a ainsi fait valoir L’ambassadeur russe adjoint à l’Onu, Dmitry Polyanskiy a soutenu que « l’Onu doit respecter le principe de répartition des tâches » en reconnaissant que « les changements climatiques sont une menace majeure » et rappelant que « le Conseil de sécurité ne disposait pas d’expertise » spécifique sur le sujet qualifié « d’abstrait ». En parler « crée des illusions, c’est trompeur et dangereux », selon lui.
Les partisans d’une prise en compte de ce sujet par le Conseil, notamment les Européens, dont la France, estiment qu’elle doit être inscrite à son agenda. Cette gestion ne peut être laissée uniquement à des instances subalternes ou à l’Assemblée générale, sans pouvoir contraignant, estiment-ils.
L’ambassadeur français, François Delattre, a souligné que « si les évènements climatiques les plus extrêmes sont les plus visibles, d’autres phénomènes aux effets moins immédiats (ont) des impacts négatifs sur les ressources naturelles. Dans le contexte de populations et d’économies vulnérables, (cela) peuvent générer ou réactiver des conflits entre communautés, provoquer des déplacements de population et menacer la paix et la sécurité internationales ».
Un observatoire français
Les États unis ont affiché un profil bas, estimant seulement qu’il est « justifié » pour le Conseil d’examiner les phénomènes. C’est pourtant un seul important pour Washington puisque le Pentagone s’intéresse à cette question et en 2014, il avait même rendu public un rapport démontrant que le réchauffement climatique était un risque immédiat pour la sécurité nationale. Celui-ci serait selon les experts américains, en mettant les populations dans des situations vulnérables, un facteur favorable à la propagande des groupes terroristes.
De son côté, la France a lancé un Observatoire géopolitique des enjeux des changements climatiques en termes de sécurité et de défense en janvier 2018. Hébergé au sein de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), il est financé par le ministère de la Défense pour une durée de quatre ans. L’objectif est d’élaborer, par région, une typologie des crises susceptibles d’émerger en fonction des différents scénarios de réchauffement climatique.
Moctar FICOU / VivAfrik