Déperdition scolaire au Cameroun : Les enfants travaillent dans les chantiers d’or

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Des jeunes riverains autour d'un trou minier à l'Est du Cameroun

Le phénomène, pourtant réprimé par les lois et autorités locales, impacte le taux de scolarisation dans les localités aurifères de la région de l’Est. Reportage de VivAfrik.

Jeanine est l’aînée de la famille Doka à Batouri. A 17 ans, elle est en classe de 5ème au lycée de Mongonam, un village de l’arrondissement de Batouri situé à une dizaine de kilomètres de là. Tous les matins, dès le début du 2ème trimestre de chaque année scolaire, elle laisse le chemin de l’école pour les chantiers miniers de Nangobé, un village voisin. Comme elle, de nombreux enfants en âge scolaire désertent les salles de classe pour aller travailler dans les chantiers d’or de la région de l’Est. Cette pratique entraîne de forts taux de déperdition scolaire.

A l’école publique de Bangbel, dans l’arrondissement de Bétaré-Oya, le directeur interrogé par VivAfrik, affirme qu’« à la fin du 2ème trimestre 2018, sur les 380 élèves régulièrement inscrits en début d’année scolaire, 180 avaient disparu et choisi d’aller creuser l’or. Plus grave, pendant plus de la moitié du 3ème trimestre, l’école est restée fermée par manque d’élèves ». Les statistiques partielles de cette année scolaire ressortent que, dans les établissements scolaires (écoles primaires, lycées et collèges) de Bétaré-Oya, on atteint des taux de déperdition liée au travail des enfants dans les chantiers miniers de l’ordre de 40%.

A Ngoura, arrondissement voisin, ce sont les écoles de Colomine 1, Malewa et Samba qui sont les plus affectées par le phénomène. Selon le rapport de l’inspection d’arrondissement de l’Education de base de l’année scolaire 2014/2015, on a atteint des taux de déperdition scolaire de l’ordre d’un peu plus de 50% dans certaines écoles.

Pour expliquer ce phénomène, riverains et autorités locales rapportent qu’à la base, il y a des questions de survie qui touchent aussi bien les enfants que leurs parents. Ces derniers, également touchés par le virus du gain facile dû à l’attractivité de l’activité aurifère, n’ont plus la maîtrise de leur progéniture. Des descentes effectuées régulièrement dans les chantiers miniers par les sous-préfets de Bétaré-Oya et de Ngoura suivies des arrêtés réprimant cette activité illégale, on n’observe pas une régression du phénomène.

Ce qui pousse les organisations de la société civile à appuyer l’action des autorités administratives pour inverser la tendance. Foder, en collaboration avec les communautés locales, élabore un projet de retour des enfants en âge scolaire vers les salles de classe.

Enquête réalisée par Bernard Bangda / VivAfrik

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