
Ces chiffres sont publiés dans un récent communiqué de presse
parvenu à VivAfrik par l’association Forêts et Développement rural (FODER) y met en œuvre le Projet Mines-Environnement-Santé-Société (ProMess).
La sortie épistolaire de FODER se justifie par le décès, dans la nuit du 29 au 30 décembre 2017 par ensevelissement des suites d’éboulement de terrain, de neuf riverains de Ngoengoe, village situé à environ 75 km de Ngoura, chef-lieu de l’arrondissement éponyme, dans le département du Lom-et-Djerem, Région de l’Est.
« Avec ces 09 personnes décédées, le nombre de décès dans les trous miniers [de l’Est Cameroun], et dénombrées par FODER, monte à 43 personnes en l’espace de 10 mois », peut-on lire dans ce communiqué de presse daté du 31 décembre 2017. Dont 13 (04 évoqués par le journal Repères dans son édition n° 600 du 06 décembre 2017 et les 09 de la nuit du 29 au 30 décembre 2017, ndlr) sur le seul site de Kayé exploité par la société chinoise Lu et Lang SA « dont les responsables, selon les villageois, ont profité de la nuit du drame pour évacuer une partie de leur matériel ». Ce, malgré les instructions du délégué régional des Mines de l’Est à l’entreprise sur les mesures à prendre pour entièrement réhabiliter le site après la fin de son exploitation.
Une exploitation marquée par le blocage de la circulation d’un cours d’eau avec la boue provenant du lavage de l’or par de l’eau. Depuis plus de deux ans que cette entreprise exploite l’or à Ngoengoe, le fleuve Baton ne circule plus. En plus des personnes, plusieurs animaux ont déjà trouvé la mort dans ce cours d’eau envahi par la boue. L’on parle même d’enfants mort dans ce fleuve désormais obstrué par cette boue d’or déversée par la société Lu et Lang SA.
Les morts de Ngoengoe confirment les statistiques déclinées par le coordonnateur de ProMess mis en œuvre depuis trois ans par FODER dans les sites miniers des Régions de l’Est et de l’Adamaoua avec l’appui technique et financier de l’Union européenne.
« Les principales causes de décès dans les sites miniers de la Région de l’Est sont constituées de noyade (56%) dans les lacs artificiels et d’éboulements de terrain (26%) », déclarait Justin Landry Chekoua après le décès, le 03 septembre 2017, des suites de noyade d’un jeune élève dans une excavation abandonnée par l’entreprise Métalicon SA à Kambélé, près de Batouri. Soit 82% du fait des exploitants miniers qui ne referment pas les trous après leurs travaux.
Les responsabilités sont partagées entre les entreprises qui rechignent toujours à refermer les trous et des riverains qui en profitent pour espérer de l’or « en raclant les bords ». Cette activité, localement appelée « nguéré » ou « warap », n’est pas toujours sans danger. Comme à Ngoengoe dans la nuit du 29 au 30 décembre 2017.
Enquête réalisée par Bernard Bangda / VivAfrik
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