Diagnostic du secteur minier au Cameroun : Rien n’a changé depuis plus d’un an

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Au fond, un lac artificiel créé par une entreprise qui emploie ces jeunes riverains

Les constats faits par le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) lors de la visite effectuée en mai 2016 dans la région de l’Est sont toujours d’actualité.

« Depuis plusieurs années, il règne dans le secteur minier à l’Est, une sorte d’anarchie qui a un impact sur la contribution de ce secteur dans l’économie nationale », indique le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), Ernest Gbwaboubou au terme d’une visite de travail  effectuée du 3 au 6 mai 2016 dans les sites miniers de Kambélé, une localité aurifère proche de Batouri, dans la Kadey, et Bétaré-Oya dans le Lom-et-Djerem. « Nous avons constaté que seuls 10 % de la production minière artisanale sont canalisés dans les circuits formels de l’économie nationale. Le reste est distrait dans les circuits clandestins et les réseaux de blanchiment d’argent sans paiement de taxes et sans retombées pour l’État et la population concernée », poursuivait-il dans ses constats de la dure réalité du terrain et de l’ampleur du travail à faire pour assainir le secteur minier.

Par ailleurs, le Minmidt avait pu se rendre compte que les opérateurs dissimulaient les volumes réels de la production, notamment par la pratique du lavage d’or durant la nuit. À cela il faut ajouter le non-respect des cahiers de charges liés aux autorisations d’exploitation artisanale (AEA), certains se trouvant dans le périmètre des permis de recherche. Ou alors les propriétaires de permis de recherche « rétrocédant » des parcelles à d’autres pour y pratiquer de l’orpaillage. Toutes ces pratiques causent un important préjudice financier à l’État.

 « Même si, à ce jour [début mai 2016], plus de 224 kg d’or fondu sont rétrocédés au ministère des Finances (Minfi), provenant principalement de la quote-part de l’État de 15 % de la production et de la taxe auprès des sociétés engagées dans l’exploitation peu mécanisée, il reste que le secteur minier devrait apporter plus », soutient Ernest Gbwaboubou. C’est un secteur malade, qui ne contribue donc pas assez au PIB national.

Les causes du malaise ambiant du secteur minier sont nombreuses. On évoque en premier « la prolifération des circuits anarchiques et frauduleux d’exploitation et de commercialisation des ressources minières ». Au Minimidt, on recensait officiellement à l’époque 139 permis de recherche délivrés pour 72 entreprises minières, dont 81 permis pour le seul secteur de l’or. « Toutefois, mises à part cinq sociétés qui procèdent effectivement à des activités de recherche d’or, une grande majorité de titulaires de permis de recherche pour l’or orientent leurs travaux de recherche vers l’exploitation artisanale mécanisée. Foulant ainsi aux pieds les dispositions du code minier qui prévoit que les titulaires des permis de recherche ne peuvent pas procéder dans leur périmètre de recherche à l’exploitation artisanale peu mécanisée », s’indignait alors le ministre.

Bernard Bangda / VivAfrik

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