La ville mauricienne de Balaclava a abrité, du 9 au 11 décembre l’édition 2022 de la Conférence et climat. Comme chaque année, elle est organisée par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et a pour objectif de tenter de trouver des solutions pour conjuguer développement des pays africains et baisser des émissions de CO2.
A cet effet, le gouvernement mauricien veut se poser en exemple avec un objectif : 60 % d’énergies renouvelables et abandon total du charbon d’ici à 2030. « Une feuille de route réaliste », selon le ministre des Finances qui mise notamment sur un virage vers l’électrique. « On veut vraiment opter pour les voitures électriques et non plus les voitures qui consomment des énergies fossiles, pousser vers le transport public avec l’implantation du métro et essayer de voir plus régional que global concernant nos imports. Donc c’est vraiment changer un peu la structure, à Maurice », a dit Renganaden Padayachy.
Signalons que l’île Maurice a besoin d’investir 20 milliards de roupies pour atteindre cet objectif encore bien éloigné puisqu’il n’y a actuellement que 22% de renouvelable dans le mix énergétique. Mais pour Yuvan Beejadhur, mauricien et conseiller économique à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), son pays n’a pas le choix. « L’île Maurice n’a pas de choix parce qu’on est un des pays les plus vulnérables au monde. Il nous faut beaucoup plus d’investissement dans ces secteurs du changement climatique, les secteurs dits verts, mais bleus aussi, tout ce qui est transport maritime et tout ce qui est agriculture aussi. Les Mauriciens pourraient aller encore plus de l’avant sur ces sujets et trouver des solutions créatives, différentes et qui pourraient avoir un impact dans le futur ».
A l’en croire, le gouvernement mauricien montre, d’un côté, un visage volontariste sur le plan environnemental et d’un autre côté, il a récemment signé des permis avec des sociétés pétrolières pour l’exploitation et des forages en haute mer.
Trouver 50 milliards de dollars par an
Le conseiller économique à l’Organisation mondiale du commerce a ajouté que le continent africain aurait besoin de 50 milliards de dollars, par an, d’ici à 2030, pour pouvoir s’adapter correctement.
« On est dans une situation où les pays africains sont vraiment au bord d’un précipice. […] Pour l’île Maurice uniquement, sur ces prochains 40 ans, l’île Maurice perdrait 7% de son Produit intérieur brute (PIB), juste à cause des cyclones. Vous imaginez maintenant le Togo, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, les pays enclavés comme le Niger qui sont encore plus affectés par le changement climatique… les sécheresses qui continuent, l’approvisionnement de l’eau qui diminue et, bien-sûr, les produits alimentaires qui sont en réduction ! », a alerté Yuvan Beejadhur.
De l’avis des économistes réunis à cette conférence, pour atteindre cet objectif et financer ses politiques de développement durable, il faut attirer le secteur privé. C’est un des principaux défis, a pour sa part, insisté Abdoulaye Coulibaly directeur du bureau de la gouvernance à la Banque africaine de développement. « Je pense que le plus important est de mettre tout le monde autour de la table. Comprendre les défis, comprendre les préoccupations de tout un chacun, et cela est pareil pour les agences de notation. Qu’elles comprennent les défis spécifiques de l’Afrique, et que nous aussi nous l’écoutions. Quand on regarde, la majorité des pays ont un potentiel, donc à la Banque, on est toujours optimistes et on espère que les financements nécessaires seront mobilisés pour accompagner les pays dans leur développement, et en particulier pour faire face à ce fléau ».
Les agences de notation ont été une fois de plus interpellées, accusées d’avoir dégradé les notations financières des pays africains qui se voient refuser des demandes de financements. « On ne peut pas continuer comme ça » insiste le ministre des Finances de l’Ile Maurice, dont la note a encore baissé en juillet dernier, atteignant son pire niveau depuis 1996.
Moctar FICOU / VivAfrik