Le secteur de l’énergie connaît un tournant au Maroc. Alors que le pays doit accueillir en novembre 2016 la conférence mondiale sur le climat (COP 22), c’est désormais l’Agence marocaine d’énergie solaire (Masen) qui assurera le pilotage des énergies renouvelables. C’est ce qui ressort d’une session de travail consacrée au secteur de l’énergie le samedi 26 décembre, et qui a réuni plusieurs hauts responsables des énergies au cabinet royal à Casablanca, apprend-on d’ huffpostmaghreb.com et visité par vivafrik.com.
Le roi Mohammed VI a ainsi « transmis ses instructions aux différents acteurs concernés afin que le pilotage des énergies renouvelables, notamment solaires, éoliennes et hydroélectriques, soit désormais assuré par l’agence Masen (dirigée par Mustapha Bakkoury, ndlr) », selon un communiqué du cabinet royal relayé par l’agence officielle MAP. Et d’ajouter que « le processus de convergence de la politique énergétique du Royaume permettra le renforcement de l’ambition nationale en matière de développement des énergies renouvelables, en ligne avec l’objectif de porter la part des sources renouvelables dans le mix électrique national de 42% en 2020 à 52% en 2030 ». Cet objectif avait été annoncé lors de la Conférence internationale sur le climat (COP 21) qui s’est récemment tenue à Paris.
L’agence Masen et l’ONEE appelés à travailler en symbiose
« Tout en conservant leur autonomie de gestion respective, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (Onee) et l’agence Masen seront appelés à travailler en symbiose afin de confirmer le leadership continental et mondial du Maroc en matière de transition énergétique. Ils devront ainsi opérer à travers des liens organiques plus forts et un pilotage stratégique unifié », ajoute le communiqué. Objectif ? « Donner des moyens institutionnels et économiques renforcés aux acteurs nationaux afin que les objectifs annoncés soient tenus et que les synergies attendues soient à la hauteur de la vision stratégique énoncé ». Cette session de travail a réuni le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, les conseillers du roi Fouad Ali El Himma et Yassir Znagui, le ministre de l’économie et des finances, Mohamed Boussaid, le ministre de l’énergie Abdelkader Aamara, le directeur de l’Onee Ali Fassi Fihri, la directrice de l’Office national des hydrocarbures et des mines Amina Benkhadra et le président du directoire de Masen, Mustapha Bakkoury.
Elle intervient à la veille de l’inauguration de la centrale solaire Noor I, située près d’Ouarzazate, qui sera faite dimanche 27 décembre par le roi Mohammed VI, selon les informations du Huff post Maroc.
Reconfiguration profonde du secteur
Surtout, elle annonce une reconfiguration profonde du secteur de l’énergie au Maroc. Car si les grands chantiers comme l’électrification rurale sont d’ores et déjà bouclés, le royaume veut désormais s’affirmer en champion des énergies renouvelables et faire ainsi d’une pierre deux coups : réduire sa dépendance au fossile mais également devenir le champion africain du renouvelable.
Les efforts du royaume commencent d’ailleurs à porter leurs fruits. Selon le Climate action tracker (Cat), un pôle de recherche indépendant, le royaume fait partie des quatre pays les plus écolos du monde aux côtés de l’Éthiopie, du Costa Rica et du Bhoutan. Le Climate action tracker mesure les engagements des gouvernements en vue de contenir le réchauffement en dessous de 2°C. Dans le cas du Maroc, sa contribution pour réduire les émissions de Ges (gaz à effet de serre) a joué en sa faveur dans le curseur du Cat. En juin dernier, le royaume avait du reste été l’un des premiers pays à annoncer sa contribution à la lutte contre le changement climatique dans la perspective de la COP21, s’engageant à parvenir à une réduction d’au moins 13% de ses émissions prévues de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 par rapport à 2010. « Le Maroc est en passe de marquer l’histoire lorsque la première phase de l’un des plus grands parcs solaires du monde commence à générer de l’électricité », s’était récemment réjouit la Banque mondiale.
Un secteur porté par des vents (chauds) favorables
Mais si la centrale Noor I -qui s’étendra sur plus de 450 hectares – semble attirer tous les regards, elle n’est qu’un avant-goût du méga-projet solaire développé par l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen). En tout, quatre centrales – trois thermo-solaires et une photovoltaïque – sont prévues dans le complexe de Ouarzazate pour une capacité de plus de 500 mégawatts (Mw) au total sur 2.500 hectares et une production de 1.150 Gwh/an. A terme, d’autres parcs solaires devraient voir le jour au Maroc, qui semble plus que jamais poussé par des vents (chauds) favorables.
Moctar FICOU / VivAfrik