La Côte d’Ivoire se met aux réseaux intelligents (Par Aya Koffi)

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Le pays ouest-africain, qui dispose d’un des réseaux électriques les plus fiables et puissants de la région, vient d’investir 40 millions d’euros dans les smart grids. Un investissement qui s’inscrit dans la volonté du pays de faire de sa capitale, Abidjan, une ville intelligente et durable, en misant notamment, en plus du réseau électrique, sur celui de transports. 

Opérationnels d’ici 2020, ces réseaux intelligents permettront de piloter la production électrique ivoirienne et d’accueillir davantage d’électricité renouvelable dans le mix énergétique du pays. La Côte d’Ivoire s’est en effet fixé l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28 % à l’horizon 2030 en portant à 16 % la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Le déploiement des smart grids est une étape essentielle vers cet objectif. En misant sur l’observabilité, le pilotage et la flexibilité, ces réseaux permettront en effet de mieux gérer l’intermittence des renouvelables.

Mais les ambitions du pays ne s’arrêtent pas là. Le projet « Abidjan, Smart City » devrait permettre à la capitale économique ivoirienne d’adapter l’espace public à de nouveaux usages, de favoriser l’économie locale par l’exploitation de la data ou encore de faire grandir l’attractivité du territoire, comme l’explique Mickaël Suchanek, directeur du Développement division Smart City chez Bouygues.

Le projet devrait également permettre d’améliorer la sécurité dans la ville, de réduire la pollution et de favoriser la fluidité du transport, un enjeu majeur dans cette métropole de cinq millions d’habitants.

Les transports au cœur du projet « Abidjan, Smart City »

Comme le souligne la Banque mondiale dans son dernier rapport sur les perspectives économiques en Côte d’Ivoire, les autorités ivoiriennes doivent « résoudre les enjeux de mobilité à Abidjan pour transformer la forte croissance urbaine en atout de développement ».

Pour l’institution financière internationale, le manque de fluidité des transports grève le développement économique de la ville (il coûte environ 5 % du PIB national chaque année). Or, « une amélioration de l’ordre de 20 % de la mobilité urbaine à Abidjan pourrait engendrer un gain de croissance annuelle du PIB de près de 1 % », estime la Banque mondiale.

Conscientes de l’enjeu, les autorités du pays comptent notamment sur le métro pour désengorger la ville et l’inscrire au rang des grandes capitales modernes. Les travaux de la première ligne, dont le coût est estimé à 918,34 milliards de FCFA (1,4 milliard d’euros), ont été lancés le 30 novembre dernier par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron. Entièrement financé par la France, le métro devrait être opérationnel en 2022 et transporter 540 000 passagers par jour. Long de 37 km, il reliera la commune d’Anyama au nord à Port-Bouët, dans le sud d’Abidjan, en 50 minutes. Il permettra en outre de créer 2 000 emplois directs.

Les entreprises tricolores sont largement mises à contribution dans la construction de ce métro. « Effort le plus important que la France ait jamais réuni au démarrage d’un projet de transport urbain à l’étranger » selon Emmanuel Macron, le chantier est porté par un consortium composé de Bouygues Travaux Publics pour le génie civil, de sa filiale Colas Rail pour les voies et systèmes, d’Alstom pour les rames et la signalisation et de Keolis (filiale de la SNCF) pour l’exploitation et la maintenance. 

La France pourrait également apporter son soutien sur la question de la billettique, soit l’outil automatisé de gestion des titres de transport, tickets ou cartes à puces. Un domaine complexe dans lequel RATP Smart Systems dispose d’une expertise certaine, exploitant en Île-de-France « l’un des plus grands réseaux multimodaux au monde ». L’entreprise est déjà présente en Côte d’Ivoire, où elle a signé en 2017 un premier contrat billettique à Abidjan avec Citrans, compagnie privée de transport lagunaire qui exploite 18 bateaux-bus. 

Outre la construction du métro, la stratégie du gouvernement ivoirien en matière de mobilité inclut donc le développement des réseaux routier et lagunaire d’Abidjan, mais également celui de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. Autant de projets qui seront à l’avenir chapeautés par une Autorité de régulation du transport intérieur (ARTI) ad’hoc, chargée de « mettre un terme au désordre constaté dans le transport intérieur, notamment lagunaire, routier et ferroviaire » selon Sidi Touré, porte-parole du gouvernement ivoirien. Ceci en « améliorant la mobilité urbaine dans le district d’Abidjan et les communes environnantes ». 

Le Fonds du développement du transport routier (FDTR), la Société des transports abidjanais (SOTRA) et la Compagnie ivoirienne de transport lagunaire (Citrans) devraient également jouer un rôle central dans ce que l’équipe d’Alassane Ouattara décrit comme une véritable révolution.

Par Aya Koffi

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