Une nouvelle fuite de pétrole signalée dans un terminal de Perenco au Gabon, la société civile s’inquiète   

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Une semaine après la découverte d’une fuite équivalant à environ 300 000 barils de pétrole sur un site de Perenco au terminal du Cap Lopez au Gabon, le groupe franco-britannique et les autorités du pays d’Afrique centrale ont affirmé que la situation est « complètement maîtrisée ». Mais les organisations de la société civile restent sceptiques.

Pour rappel, la fuite a été détectée jeudi 28 avril 2022 dans un terminal pétrolier du groupe franco-britannique Perenco près de Port-Gentil, la capitale économique du Gabon. Malgré cette fuite, la société, déjà mise en cause pour des atteintes graves à l’environnement, se veut rassurante. Une position qui ne convainc pas la société civile qui craint le risque d’une nouvelle pollution.  

De son côté, le gouvernement a affirmé qu’aucune pollution maritime n’a été constatée à ce jour. Cependant, Georges Mpaga, du Réseau gabonais des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG), n’est pas d’accord. Lui a relevé l’existence des taches d’huile dans l’eau sur les sites d’Oba et de Moba, dans le département d’Etimboué.

« La station de Moba est inondée de dizaines de tonnes d’hydrocarbures qui sont en train de répandre autour de la forêt. Il y a des mangroves à côté, donc c’est une catastrophe majeure qui se profile à l’horizon », a alerté M. Mpaga.

Pour sa part, le conseiller en communication du ministre Gabonais du Pétrole, du Gaz et des Mines a soutenu que le risque zéro n’existe pas. « Toutes les dispositions sont prises pour essayer d’endiguer cela. Les cas de pollution, lorsque cela se produit, il y a l’administration des hydrocarbures qui est saisie, l’administration de l’environnement qui est saisie et il y a des missions sur le terrain et on attend les rapports de ces missions, puis on décidera », a laissé entendre Vianney-Presley Madzou.

Des images aériennes prises le lendemain dans la matinée par l’activiste Bernard Christian Rekoula montrent l’ampleur des dégâts : deux cuves de stockage de pétrole sont entourées d’une vaste flaque de pétrole brut retenue dans un bassin. Un camion de pompage a été enseveli. L’océan Atlantique se trouve à quelques mètres seulement derrière.

Perenco est régulièrement mis en cause pour ses activités pétrolières. La dernière fuite a touché le Cap Lopez et les autorités maintiennent que les bacs de rétention ont permis d’éviter le pire, mais Nicaise Moulombi, directeur de l’Organisation croissance saine environnement, est sceptique. « Le groupe Total qui a cédé au moment de la cession avait prévenu au repreneur qu’il y avait une défaillance dans ce bac. Pourquoi ce repreneur n’a pas tenu à réhabiliter ce bac ? », s’est-il interrogé.

Les ONG dénoncent la vétusté du matériel du groupe franco-britannique et appellent à une mise aux normes internationales.

« Il faut que Perenco soit sanctionné »

Cette nouvelle fuite a été découverte alors que Perenco est actuellement déjà poursuivi en justice par des ONG, y compris par le Réseau gabonais des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG), pour pollution répétitive sur ses sites de production. Le groupe avait été mis en examen au Gabon en juillet 2021 pour des faits de pollution et de dégradation des rivières, lagunes et mer par les hydrocarbures.

Selon Georges Mpaga, président du Réseau gabonais des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG), Perenco « ne reconnaît pas les faits et minimise » en affirmant des « mensonges ». Le ROLBG s’inquiète des conséquences de cette nouvelle pollution.

Bernard Christian Rekoula a estimé que ce nouvel incident « ne fait que rajouter de l’huile sur le feu. « Ce qu’il faut savoir, c’est que le terminal incriminé est un terminal qui a été construit par Elf à l’époque. Donc c’est un terminal qui a plus de 50 ans. Or, Perenco, en rachetant les actifs d’Elf, avait l’obligation de remettre en état. Ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, Perenco rejette la responsabilité sur d’autres opérateurs. C’est la fois de trop. Il faut que Perenco soit sanctionné à l’international, et qu’il ait des organismes qui puissent nous aider pour que cette entreprise s’arrime aux normes internationales. Chaque fois que nous dénonçons ces faits et que l’État gabonais et Perenco sont obligés de reconnaître, au moins à demi-mot, jamais ils ne nous donnent les causes de cette pollution. Dans leur communiqué, ils nous parlent de fuite, mais ils ne nous donnent pas les causes : ça ne peut pas continuer ainsi ».

Moctar FICOU / VivAfrik

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