Moussa Sounna, un agriculteur nigérien qui restaure les terres arides

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Après les prouesses du cultivateur Burkinabé, Yacouba Sawadogo, qui a réussi à faire « repousser le désert », voilà un autre talent africain s’illustrer en restaurant les terres arides du Niger. Il s’agit de Moussa Sounna. Il semble appliquer à la lettre les recommandations des experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui préconisent, dans leur rapport, une gestion durable des terres.  

À Sargadji, dans la région de Dosso, dans l’est du Niger, grâce à la demi-lune, une technique de régénération naturelle assistée, Moussa Sounna arrive à cultiver la terre. « C’est un travail rémunérateur qui empêche les jeunes d’entrer dans des groupes terroristes », explique l’agriculteur nigérien. Dans cette zone, le sol est totalement asséché sous l’effet de la chaleur. Certains paysans n’ont d’autres choix que de quitter le village pour d’autres localités. Moussa Sounna lui, est resté.

Grâce à la technique de régénération naturelle assistée, « demi-lune », il arrive à cultiver ses terres. « C’est un travail rémunérateur. Donc ça empêche les jeunes de rentrer dans des groupes terroristes ou contraint à l’exode. Parce que avant l’exode était développé. Maintenant avec ce travail, on a réduit les départs et le coût », explique à dw.com Moussa Sounna.

L’aridité du sol est un handicap majeur pour l’agriculture à Sargadji. Le sol est lessivé et fendu à des endroits mais cela ne décourage pas Sounna Moussa. Un compas géant fabriqué par le forgeron du village, une pioche et une pelle, pour lui, le tour est joué. « Cela permet de récupérer de l’eau et ça évite le ruissellement qui crée l’érosion. Maintenant, l’érosion n’aura plus lieu », explique-t-il.              

Un travail ardu

Moussa et ses enfants construisent des canaux d’irrigation en forme de demi-cercle afin de pouvoir retenir les eaux de pluie. Dans la région, il pleut rarement.

La technique aide à faire pénétrer l’eau dans la terre plutôt que de la laisser s’écouler en surface. Ceci permet de maintenir la terre humide et ainsi faciliter la régénération de la végétation et des terres agricoles. « La limite de ce travail, c’est quand il y a manque de moyen. On ne peut pas venir faire ce travail, le ventre creux », confie l’agriculteur.

Aujourd’hui, le sol est très dur et le travail est ardu. Dans les demi-cercles, Moussa plante des arbres de petites tailles qui résistent au climat hostile. Et entre les arbres, des produits vivriers tels que le haricot, le maïs ou encore le millet sont cultivés.

Cette technique, très rependue au Niger, a permis à Moussa de régénérer un peu plus de 50 hectares de terre ces quatre dernières années. À Sargadji, Moussa est nommé le « champion ». Ceux qui ont le courage de Moussa sont rares dans la région.

Rappelons qu’au Burkina Faso, Yacouba Sawadogo est vu comme le cultivateur qui a « repoussé le désert ». En usant de techniques ancestrales, le lauréat 2018 du « Right Livelihood Award » a rendu fertile une terre réputée incultivable.

Il y a quarante-cinq ans, on prenait Yacouba Sawadogo pour un fou. Peut-être fallait-il un certain brin de folie pour croire en l’impossible ? Son rêve ? Faire pousser une forêt verdoyante en plein désert, dans la province du Yatenga, dans le nord du Burkina Faso.

A plus de 70 ans, ce cultivateur burkinabé a réussi une grande prouesse : il a fait pousser près de 90 espèces d’arbres et d’arbustes sur des terres arides, des sols dégradés et stériles réputés incultivables appelés « zipellés ». Un long combat contre la désertification que Yacouba Sawadogo a mené à la force de ses bras, le dos courbé, avec sa petite pioche pour seul outil.

Moctar FICOU / VivAfrik

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