Les 10 technologies de 2020 qui vont changer le monde

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Par Céline Deluzarche, Journaliste                               

Chaque année, la MIT Technology Review établit sa liste des 10 innovations technologiques récentes susceptibles de changer la planète et la société. Au menu de 2020 : la monnaie virtuelle, les médicaments anti-âge ou l’avènement de l’ordinateur quantique.                         

Entre les catastrophes climatiques, les cyberattaques et les maladies émergentes, jamais le monde n’a semblé aussi menaçant. Heureusement, le progrès technologique avance à grands pas, comme le montrent ces 10 technologies sélectionnées par la MIT Technology Review dans son édition 2020. Rendez-vous dans quelques années pour vérifier ces prédictions.

L’Internet quantique sécurisé

Ransomeware, vol de données, piratage d’objets connectés… Internet est sous la menace de cyberattaques de grande ampleur. « Un Internet basé sur la physique quantique permettra bientôt de sécuriser les communications », prédit la MIT Technology Review. Des chercheurs de l’université de technologie de Delft, aux Pays-Bas, travaillent ainsi sur une infrastructure d’Internet quantique où les communications sont codées sous forme de qubits et intriquées dans des photons circulant dans des fibres optiques, de façon à les rendre impossibles à décrypter sans perturber le réseau. La technologie devrait être opérationnelle d’ici 5 à 6 ans pour les longues distances et un réseau au niveau mondial est envisageable d’ici à la fin de la décennie, selon les chercheurs.

La médecine hyper-personnalisée

« La médecine génétique conçue pour un seul patient rend possible le traitement de maladies autrefois incurables », avance le MIT. En 2019, la petite Mila Makovec, souffrant d’une maladie génétique cérébrale rare et mortelle, s’est ainsi vu offrir un traitement conçu sur mesure pour restaurer la fonction du gène défaillant. La mise au point de tels médicaments personnalisés est rendue possible par les progrès rapides du séquençage et de l’édition génétique. Ils nécessitent cependant de gros moyens (un an de mise au point dans le cas de Mila) et la mobilisation d’équipes spécialisées. La question du coût risque donc de limiter la généralisation de tels médicaments.

La monnaie virtuelle

On croyait les monnaies virtuelles tombées aux oubliettes avec la dégringolade du Bitcoin en 2019. Mais l’annonce de Facebook sur son projet de monnaie universelle Libra en juin a relancé les espoirs de ses partisans. Malgré le flot de critiques et les désistements en série (Visa, MasterCard, PayPal et eBay ont quitté le navire sans explication), Libra a la capacité de devenir une monnaie quasiment universelle et indépendante des banques centrales grâce aux 2 milliards d’utilisateurs Facebook. Surtout, elle a initié un mouvement de la part de tous les grands acteurs de la finance. La Banque populaire de Chine a annoncé la création de sa propre cyber-monnaie et la Banque de France a lancé un appel à projet pour le premier trimestre 2020 en vue d’expérimenter un éventuel « euro digital ».

Les médicaments anti-âges

Plusieurs traitements destinés à ralentir ou inverser le vieillissement sont aujourd’hui en phase d’essai. Ils bloquent la sénescence des cellules liée à l’âge et réduisent l’inflammation responsable de l’accumulation de substances toxiques ou de pathologies dégénératives, comme Alzheimer, le cancer ou les maladies cardiovasculaires. En juin 2019, la start-up américaine Unity Biotechnology a, par exemple, lancé un test de médicaments contre l’arthrite du genou. La biotech Alkahest promet de son côté de freiner la perte cognitive en injectant des composants de sang jeune et des chercheurs testent la rapamycine, un immuno-supresseur, comme traitement anti-âge.

L’intelligence artificielle pour trouver des nouvelles molécules

« On estime qu’il existe 1.060 molécules pouvant donner de potentiels médicaments, soit davantage que tous les atomes du système solaire, annonce le MIT. Ce qui offre des possibilités chimiques pratiquement illimitées ». Afin d’explorer cet océan de molécules, les chercheurs misent sur l’intelligence artificielle (IA), qui va passer au crible les molécules et les mettre en relation avec des cibles potentielles, comme une protéine ou un récepteur cellulaire. En juillet 2019, une équipe australienne a ainsi conçu un vaccin contre la grippe doté d’un adjuvant conçu par un algorithme. Et, en février 2020, l’entreprise Insilico Medecine a réussi à développer un médicament contre la fibrose en seulement 46 jours grâce à son IA, là où le développement d’un médicament classique prend jusqu’à 10 ans.

Les méga constellations de satellites

Après 120 satellites lancés l’an dernier, SpaceX compte en déployer jusqu’à 42.000 afin de créer une connexion Internet partout sur la planète. La société n’est pas la seule sur le créneau : la constellation de OneWeb comprendra 600 satellites d’ici 2022 et Amazon a annoncé vouloir lancer 3.236 satellites en basse orbite pour couvrir les zones blanches. Tout cela grâce au coût modique de lancement de ces nanosatellites qui pèsent à peine quelques kilos. Le déploiement dans l’espace de si nombreux objets pose toutefois des problèmes au niveau de l’interférence avec d’autres services satellitaires comme la météo, augmentent le risque de collision et perturbent l’observation astronomique.

La suprématie quantique

Cela fait plus de 50 ans que l’on annonce l’arrivée de l’ordinateur quantique. Ces machines, où les bits sont remplacés par des qubits aux états superposables, sont en théorie bien plus rapides et plus performants, mais souffraient jusqu’ici des problèmes de décohérence. En octobre 2019, Google a pourtant annoncé avoir atteint la suprématie quantique (supériorité d’un ordinateur quantique par rapport à un ordinateur classique sur une tâche particulière) en effectuant en trois minutes un calcul qui nécessiterait environ 10.000 ans sur un superordinateur classique. Un chiffre contesté par IBM, qui estime qu’un programme informatique classique aurait pu le résoudre en 2,5 jours seulement. Il n’empêche qu’on assiste bien au décollage de l’ordinateur quantique, avec des acteurs importants comme Microsoft, D-Wave, Atos ou le CEA qui se sont tous lancés dans la course.

L’IA miniature

La puissance de calcul nécessaire pour entraîner les algorithmes d’intelligence artificielle double tous les 3,4 mois, selon une étude d’OpenAI. De plus, les superordiateurs dédiés à ces programmes requièrent une gigantesque consommation d’énergie. Les géants du numérique s’emploient aujourd’hui à miniaturiser la technologie pour la rendre accessible au grand public. Google Assistant et Siri intègrent ainsi des systèmes de reconnaissance vocale tenant sur une puce de smartphone. L’IA s’invite aussi dans les appareils photos numériques, capables de retoucher automatiquement une photo en supprimant un détail gênant ou en améliorant le contraste par exemple. « L’IA localisée [plutôt que dans le cloud] est meilleure pour la vie privée, puisque vos données n’ont plus besoin de quitter votre appareil », se réjouit le MIT.

La confidentialité différentielle

Comment récolter massivement des données personnelles sans attenter à la vie privée ? C’est tout le défi du bureau de recensement américain, qui va devoir sécuriser 330 millions de profils pour son recensement de 2020, afin qu’il soit impossible d’identifier chaque individu. Pour cela, il va injecter du « bruit » dans la base de données, afin de complexifier une éventuelle dé-anonymisation. Cette méthode nommée « confidentialité différentielle » est déjà utilisée par Facebook et Apple pour agréger des données sans atteindre à l’identité exacte des personnes. Ce système de brouillage est fondamental pour de nombreux secteurs utilisant des données sensibles, comme la recherche médicale.

La prise en compte du changement climatique

Jusqu’à présent, même les experts étaient réticents à attribuer telle ou telle catastrophe climatique au réchauffement global. Cela commence à changer, et on est capable aujourd’hui de modéliser le rôle exact du changement climatique. Cela devrait notamment permettre aux assureurs d’anticiper et de répartir les coûts des inondations, tempêtes ou sécheresses. La Caisse centrale de réassurance (CCR) en partenariat avec Météo France a ainsi calculé que le coût des sinistres devrait doubler d’ici 2050, le changement climatique comptant pour 20 % de cette hausse. Grâce à des données satellites détaillées, elle est aussi capable de modéliser un tsunami ou de prévoir combien va monter l’eau lors d’une inondation.

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